George Oxley interviewé par Isabelle Adjani pour le magazine Gala.
Spécialiste de la vie des plantes et des sols, ce biochimiste porte un regard éclairé sur notre planète et sur notre alimentation.
George Oxley « Oui, la nature nous parle »
ISABELLE ADJANI : George la nature est pleine d’informations et d’indicateurs dont nous ignorons absolument la signification, vous consacrez votre vie à décrypter son langage. Quels sont les grands principes à connaître pour la comprendre ?
GEORGE OXLEY: Avant tout il faut savoir que la Terre est notre amie, notre alliée et que nous devons la respecter. Il y a des milliards d’années, la nature gérait son cycle de vie. L’homme s’est formé et a évolué avec elle. Puis, il y a dix mille ans, il a inventé l’agriculture, commencé à labourer, détruisant l’ordre naturel du sol, faisant remonter à la surface les bactéries qui doivent rester dans le sol et enterrant celles qui doivent rester à l’air. Elles meurent, les échanges ne se font plus. Les bactéries néfastes résistent et entrent directement en contact avec l’homme. Cela détruit les réseaux de mycorhizes par lesquels passent toutes les informations entre les plantes, leurs nutriments, l’eau et qui jouent un rôle de bioprotection du sol en renforçant leurs défenses naturelles. Bref, il a complètement bouleversé le système.
I. A.: A propos de l’alimentation, nous vivons une période ultrasensible. Plus personne n’ignore que bon nombre de nos problèmes de santé sont liés à ce que nous consommons.
G. O.: Bien sûr, l’homme ne s’est pas contenté de changer l’ordre naturel des choses, il a inventé des solutions pour maîtriser et booster la production, au mépris de leur évolution et de leur saisonnalité. Nous oublions que notre estomac fonctionne grâce aux mêmes bactéries que Å“nes du sol. Lorsque l’on mange des aliments issus de terres bouleversées, cela se répercute directement sur notre digestion, nos comportements, déclenche des allergies, des intolérances alimentaires, etc. La culture hors-sol, par exemple, peut être une bonne chose, si le lien avec le sol est respecté et si l’on n’utilise pas de substrats nocifs tels que la laine de roche à hase d’aluminium.
I. A.: Parlons de la tomate, c’est un fruit à bien choisir, non ?
G. O. : Oui. la tomate est un bon exemple. Ses graines accumulent tous les produits toxiques contenus dans la matière qui la nourrit, particulièrement les métaux lourds. Il faut donc les retirer avant de la consommer. A part si elle a été élevée naturellement, bien sûr.
I. A.: Donc, on est d’accord, le bio avant tout?
G. O. : Oui ! Un produit bio nous épargne la consommation de pesticides, conservateurs et autres substances non recommandables utilisés dans l’agriculture intensive. La culture bio ne tolère pas les substrats tels que la laine de roche par exemple.
I.A.: Est-ce que vous pouvez dire aux gens comment se protéger ?
G. O.: En fait c’est tout simple. Apprenons à observer la nature, à l’écouter, à tenir compte de ses avertissements: tempêtes, canicule, pour ne citer que les plus évidents. Informons-nous sur la production des produits ct acceptons de changer nos habitudes si nous savons qu’elles sont néfastes pour l’environnement. Soyons responsables et retrouvons la beauté des champs fleuris, celle des pâturages qui ne sont pas des usines. Alors nous irons beaucoup mieux, dans notre corps et dans notre tête.
PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE ADJANI A Lire: La Fleur au fusil, de George Oxley, éd. Gallimard Altematives. Manifeste gourmand des herbes folles, avec Diana Ubarrechena, éd. du Toucan. Saveurs Sauvages de Ré éditions Vlad Tepéç.
Isabelle Adjani aime le Manifeste Gourmand des Herbes Folles et “Saveurs Sauvages de Ré” les plantes du sel et du cerveau, depuis leur parution et ne s’en cache pas.
Voici notre passage à Vivement Dimanche Prochain l’émission que Michel Drucker, à consacré à Isabelle Adjani sur France 2 le 28 Septembre 2014. Isabelle a fait du Manifeste Gourmand, l’un de ses livres de chevet, tout comme son fils, Barnabé Nuytten, le batteur du groupe THE AIKIU.
Apporter son grain de sel… nous l’avons fait ce dimanche sur France Culture dans la géniale émission d’Alain Kruger “On Ne Parle Pas La Bouche Pleine”.
Après avoir présenté les plantes sauvages comestibles les plus répandues dans “Manifeste Gourmand des Herbes Folles”, voici les herbes qui nous permettent de réguler le sel dans notre organisme et qui concentrent le plus de nutriments pour notre cerveaux, les plantes des bords de mer et des marais salants avec notre nouveau livre “Saveurs Sauvages de Ré” sur les plantes sauvages de l’Atlantique : ces plantes qui vivent dans le sel, fabriquent des phytohormones qui sont reconnues par notre organisme et peuvent nous permettre de réguler le taux de sel dans notre sang. Elles nous apportent aussi de l’iode, des omega3 et des antioxydants qui s’adressent directement à notre cerveau.
Le centre de recherche sur la nutrition et le cerveau de l’Université d’Oxford en est convaincu : Homo est devenu sapiens en restant au moins 1 million d’années au bord de la mer à se nourrir de toutes ces richesses; c’est la raison de son cerveau aussi démesuré. Désormais les recherches se portent vers l’effet que pourrait avoir un tel régime pour freiner les maladies de dégénérescence du cerveau.
Quoiqu’il en soit ce sont les plantes les plus nutritives de la planète et c’est bien pourquoi les animaux migrateurs s’en gavent: elles leur permettent de parcourir des milliers de kilomètres sans une pose. Quant aux éleveurs, ils y mettent leur moutons pré-salés pour les faire grossir plus vite avant Pâques. Quel gâchis ! Ces lieux que l’on a toujours regardé comme infertiles recèlent de véritables trésors pour la survie de notre espèce.
Isabelle Adjani nous invite à “Vivement Dimanche” l’émission de Michel Drucker sur France 2, à 18H50 le Dimanche 28 Septembre. La STAR du cinéma français, très discrète à la télévision en générale, nous annonce KINSHIP sa nouvelle pièce de théâtre qu’elle jouera au Théâtre de Paris à partir du 17 Octobre 2014. Mais surtout Isabelle Adjani a tenu à mettre en avant ce qu’elle aime, l’illustration de l’esprit libre qui l’anime en permanence… et notamment pour la liberté de s’alimenter sans s’empoisonner avec Bruno Verjus et son fantastique restaurant TABLE, qui met en avant les meilleurs produits et les meilleurs artisans du goût…
Bruno chez qui les Foodingues se délectent. C’est là où nous avons rencontré Isabelle, qui, depuis sa parution, ne quitte pas notre livre le “Manifeste des Herbes Folles” : ces herbes sauvages sont autant de délices à nos pieds qui nous montrent les sentiers de la liberté – elles sont bonnes, elles nous font du bien, elles nous racontent les petites histoires de nos origines et elles sont gratuites: “Gratuit c’est meilleur !”. (disponible chez PROMONATURE.com)
Isabelle présente aussi notre tout dernier livre “Saveurs Sauvages de Ré”,
où les herbes folles de l’Atlantique nous ouvrent touts les espoirs pour nous régénérer, nourrir notre cerveau et nous racontent ces petites histoires croustillantes qui nous rappellent comment le premier livre en Français a été écrit par Rabelais, comment les Rétais Cognacq-Jay ont ils créé le premier parc d’attraction en Europe, comment ils ont créé la fête à Paris, où est né le dadaisme, l’art moderne du XX° siècle et qui a accueilli Gandhi pour donner le fameux discours pour la liberté des peuples par la non violence : le discours de la marche du sel.
Michel Drucker complètement sous le charme d’Isabelle, a passé la semaine à lire ces deux livres… il les a littéralement dévoré. Avant l’émission il est venu dans notre loge nous féliciter et surtout nous confier que désormais ses escapades régulières en vélo vont se transformer en cueillette d’Herbes folles pour se nourrir sainement et mieux approcher cette nature qui le fascine; il la comprend mieux désormais et commence à dialoguer avec son environnement. A la fin de l’émission, lui d’habitude si généreux pour donner tous les livres qu’il présente à ses invités… Il a gardé les deux livres pour lui… Il les adore !
Le pétillant François Régis Gaudry aime le Manifeste Gourmand des Herbes Folles.
Très Très Bon… voici le constat, après un gazpacho de pousse de mûres, un gazpacho de Grande Berce et une glace de caramel de Kombu à l’Oxalys, Pourpier de mer et criste marine… Hummm.
Voyez donc …
Prochain RV, le Dimanche 22 Juin 2014, 11 heure : une heure d’interview gourmand sur France Inter par François Régis Gaudry de George Oxley en compagnie de Franck Banranger, le talentueux chef du Restaurant Caillebotte à Paris… Les Herbes Folles parlent au fines oreilles … ON VA DEGUSTER ! C’est le nom de l’émission bien entendu.
Des Surfeurs sur le plateau de Laurent Bignolas sur France television? Après le film de Julian et Joaquin Azulay “Gaucho Del Mar“, George et Diana, les Foodingues, cuisinent les plantes sauvages pour ses invités.
Pizza, gazpacho, cuisine planétaire, fast food, mais certainement pas junk food : les Herbes Folles vont transformer le fast en good : bon et utile, apportant tout ce dont un surfeur a besoin pour affronter les plus grosses vagues.
Pour cela, pas besoin d’aller Ô Bout du Monde, tout se trouve à côté, au bord de la plage et c’est gratuit.
Le slogan du “Manifeste Gourmand des Herbes Folles” est « Gratuit c’est meilleur !». Les herbes folles pour surfers poussent sur pratiquement toutes les plages du monde :
-      De l’Atriplex halimus, hyper-protéiné pour l’énergie et la force, qui nourrit en régulant le taux de sel dans le sang… avec toutes les tasses d’eau de mer que prennent nos surfeurs…
-      Du Cakilé maritime pour les vitamines C et une peau douce et sans ride malgré des heures à attendre la vague dans l’eau de mer ;
-      Du Calendula en guise d’après solaire : super antioxydant, cette plante stoppe littéralement les processus carcinogènes de la peau causés par le soleil. (le palace parisien Le Royal Monceau et le Figaro parlent de notre fameux gazpacho dans leur rubrique “detox”)
La pizza, viendrait de l’occitan Peix Salat, comme l’on dit encore à Ibiza : c’est la manière de préparer les poissons un peu durs, la raie ou le requin, que l’on sèche dans le sel et au soleil (peix salat, pour poisson salé). Le diminutif de peix salat aurait donné pizza, le casse croute des marins, dont le nom complet est coca de Peix salat. Coca étant la galette de pain.
Dans notre pissaladière il y a :
De l’Atriplex maritime, de la famille des Amaranthaceae :
ce buisson peut nous sauver de la famine en toute circonstance. L’Organisation Mondiale de la Santé, l’OMS, a constaté qu’elle contient autant de protéines que la viande de bœuf ; sans parler d’un bœuf élevé au soja transgénique, en Argentine, au Brésil ou en Europe, dans un feedlot, le camp de concentration terminal pour bœuf…
En plus, elle contient 1 fois et ½ plus de calcium que le lait. Vous croyez qu’elle le tire d’où la vache, son calcium ? En plus cette plante vous donne tous les instruments pour assimiler ce calcium. Alors plutôt que de boire du lait, laissez le pour les veaux et allez à la source !
Du Cakilé maritime…
le Régent l’appelait sa roquette de Saint Jean d’Acre, c’était son aphrodisiaque favori auréolé de terre sainte… elle a le goût de moutarde ; elle est bourrée de vitamine C et est super facile à trouver car ses fleurs sont en croix comme la roquette, mais en violet. Elle a aussi beaucoup du soufre et des sucres précieux dans son mucilage qui remontent les défenses immunitaires, nourrissent la peau et permettent de supporter des heures dans l’eau de mer, sans problème…
Le cakilé frais, sur les oignons confits de la pissaladières avec le sel de l’atriplex et la force des anchois… c’est vraiment délicieux.
Pour la boisson ? Juste derrière la dune, pousse le calendula, précise comme une horloge… elle ouvre ses fleurs à 9h00 et les ferme à 16H30… C’est madame météo : s’il va pleuvoir elle ferme complètement les écoutilles.
Elle pousse partout où le sol, la peau de la terre est brûlée par le soleil ; elle permet à tout ce petit monde des bactéries du sol vivant de survivre… Elle fait le même travail sur la peau de l’homme ! Elle stoppe les processus qui créent les cancer de la peau par le soleil : elle est remplie d’anti-oxydants et d’anthocyanes, bien plus que les jus de grenade à la mode… Mixé avec un peu d’eau, d’huile d’olive, d’ail, la plante entière, coupée sans sa racine pour qu’elle repousse plus tard… et vous avez votre gazpacho après solaire.
Attention amis surfeurs, aujourd’hui la plupart d’entre vous sont végétariens : pour ne pas être en carence, il faut absolument manger des plantes sauvages, ou des algues, puisque vous ne mangez plus les animaux ou les poissons qui en mangent. Elles possèdent les 9 acides aminés que l’on appelle acides aminés essentiels, ceux que notre corps ne peut pas fabriquer. Or ce sont les “briques” essentielles de notre ADN et de nos protéines. Les plantes cultivées et les légumes n’en contiennent pas. Ces acides aminés sont transmis aux plantes par les mycelium, les champignons qui vivent en symbiose avec elles. Lorsque la terre est labourée cet échange ne se fait plus.
Vous trouverez toutes les fiches descriptives dans le Manifeste Gourmand des Herbes Folles,
pour découvrir sans se tromper, toutes les plantes comestibles qui poussent autour de vous, ainsi que les recettes et les manières de les cuisiner, pour vous ouvrir les chemins de la liberté : « Gratuit c’est meilleur ».
A la semaine prochaine sur France O… Samedi 22h30 et Dimanche 16h30
Ce soir, sur France O, la cuisine des Herbes Folles régale Laurent Bignolas et son invité, Olivier Grunewald, qui revient du volcan de soufre de Java, le Kavah Ijen. Pour l’occasion, nous leur avons cuisiné une salade “Javanaise” à la moutarde sauvage, le Sisymbrium irio, la plante du soufre.
Olivier Grunewald nous présente le spectaculaire film, qu’il a tourné avec Régis Etienne, “Kawah Ijen, Le Mystère des Flammes Bleues“, qui émanent du fond du cratère du volcan, de l’un des plus grand lac d’acide connu au monde.
Le Sisymbrium irio,
la plante du soufre par excellence, mais heureusement ce soufre est sous forme de glycosinates, bons pour la santé, contrairement aux émanations dans lesquelles ont vécu nos deux explorateurs pendant 30 nuits, dans le cratère du volcan javanais. Le sisymbre est une moutarde discrète et parfumée, recherchée pour ses qualités anti-infectieuses, antiparasitaires et dépuratives. On l’appelle aussi l’herbe aux chantres, car les acteurs et les chanteurs d’opéra en prenaient pour préserver leur cordes vocales. Pour maitriser ces irruptions gustatives, rien de mieux que la fleur de bananier, que l’on trouve partout à Java. En Asie, la fleur de bananier représente le « non goût » ; le sixième goût que l’on appelle aussi l’astringence. L’astringence est une qualité : on dit d’une belle lame de sabre qu’elle est astringente, comme d’un homme fin et perspicace.
Ce non-goût permet au palais de ne pas complètement disjoncter les goûts très forts, de pouvoir résister à des goûts volcaniques. A Java elle permet d’apprécier les subtilités d’une sauce de poisson fermenté ultra forte et salée, avec un peu de cacahuète, de sucre de palme et de piment. Elle permet aussi de supporter le combava pur, avec ses jeunes pousses, le petit citron tout fripé ultra puissant qui aromatise la salade. Cette « javanaise » de fleur de bananier est une salade que l’on retrouve un peu partout en Asie du Sud Est tropicale. En Malaisie, jusqu’au Laos où elle s’appelle lap : c’est le plat que l’on servait aux hôtes d’honneur du palais de Luang Prabang ; Un peu de coriandre, de feuilles de shizo, de basilic Thai, un peu de toutes les herbes aromatiques que l’on a sous la main. Ce qui compte ici c’est la biodiversité des goûts qui vont pouvoir se dévoiler, un par un, comme les différentes couleurs d’une palette, grâce à la fleur de bananier. Et bien sûr notre moutarde sauvage fraiche, Sisymbrium irio. Une plante cousine de la roquette en beaucoup plus forte, avec des petites fleurs jaunes en croix que l’on trouve presque partout sur la planète. Celle-ci nécessite un peu de chaleur pour pousser, mais au rythme où le climat change, nous sommes prêt à la voir pousser jusqu’en Belgique très bientôt, si ce n’est déjà le cas. La “Javanaise” peut s’accompagner de porc ou de poulet. Les pêcheurs la font avec du poisson. Le poisson au citron vert et au piment est un délice, seulement, lorsqu’il est mis directement dans le citron, il cuit immédiatement et devient totalement sec. A Java, la coco est omniprésente. C’est pourquoi, lorsque je marine le poisson, ici un filet de rouget grondin, je le marine dans le jus de coco fraiche que j’aromatise au combava, le petit citron vert de Java. Ceci pour qu’il puisse rester tendre et onctueux, sans cuire dans le citron et se transformer en carton.
Avant de hacher finement la fleur de banane, je retire des pétales qui vont servir d’assiette pour servir la salade… Aujourd’hui Laurent, pas de vaisselle, même l’assiette se mange. Retrouvez toutes les histoires des herbes folles, leurs recettes, comme leurs vertus dans le Manifeste Gourmand des Herbes Folles, de Diana Ubarrechena, George Oxley et Gérard Ducerf, éditions du Toucan. 368p. A Samedi prochain sur France O, 22h45 et rediffusion le Dimanche à 16h35.
Sur France O, France Télévision, chaque samedi à 22h45 (rediffusion le Dimanche 16h35), diana & george,
les foodingues, auteurs du Manifeste Gourmand des Herbes Folles, inventent une recette de plantes sauvages, pour l’invité de la nouvelle émission présentée par Laurent Bignolas : Ô Bout Du Monde.
Un documentaire spectaculaire, d’aventure, d’exploit, d’exploration et le tout à la fois… un invité qui revient de loin… et une recette de plantes sauvages inspirée par ses dernières destinations.
Ce soir, après “A Fine Line, La Frontière Invisible”, l’incroyable documentaire sur Killian Jornet et ses deux traversées du Mont Blanc au pas de course… C’est Jamel Bahli, le coureur autour du monde, qui inaugure nos petits plats :
Pour ce grand coureur de désert, une Tagine de dates et heure à la ficoïde glaciale, avec un filet d’agneau à la poudre d’Hercule… ?!
Beaucoup de plantes comestibles du désert s’appellent ficoïde…
Ici il s’agit de l’Aizoon Ssp. et du Mesembrianthemum crystalum. Ces sont des plantes bourrées d’eau, qu’il faut absolument savoir reconnaitre car elles peuvent sauver des vies. Elles font le délice des Bushmen du Kalahari.
Une herbe du bout du monde…
car elles sont originaires du désert Namibien, mais sont désormais cultivées en Europe, pour les restaurants gastronomiques. La plupart du temps elles sont pourtant considérées comme des mauvaises herbes dans les champs en Espagne, en Provence. Aujourd’hui elles commencent à remonter vers l’Europe du Nord en suivant l’évolution du réchauffement climatique.
N’oublions pas que ce sont des plantes de désert, un sol minéral et mort…
quand l’on en trouve une dans la vallée du Rhône, cela nous donne une petite idée de l’impact de nos méthodes agricoles sur nos sols et de nos herbicides… comme le sol ne retient plus l’eau qui part avec l’érosion, elle se gonfle d’eau grâce à son mucilage, sa structure légèrement gélatineuse faite de sucre précieux. Elle préserve une atmosphère légèrement humide pour permettre de maintenir la vie autour d’elle.
Elle tente de soigner le sol, la peau de la terre, mais le plus étonnant est qu’aujourd’hui l’on découvre que les sucres qu’elle recèle, soignent aussi la peau de l’homme. Aujourd’hui de très grandes marques de cosmétique ont déposé des brevets d’actifs antiride à partir des sucres qu’elle possède.
Ces plantes à mucilage sont aussi les championnes du monde du CO2…
elles l’absorbent de jour comme de nuit, par photosynthèse et par respiration. On appelle cette capacité, le système CAM de Crassulaceous Acid Metabolism. Dés qu’il fait trop chaud et que la plante risque de dessécher, elle ferme toutes ses écoutilles et attend que cela se passe ; cela ne dure que quelques heures, mêmedans le désert. Elle se rattrape en absorbant le CO2 la nuit, qu’elle transforme en acide malique. Malique, de Malus la pomme, le fruit défendu ; une grande erreur botanique, car la pomme n’a jamais été le fruit défendu, mais c’est une autre histoire, que je réserve pour une autre aventure. En tout cas, c’est pourquoi le matin, ces plantes crassulacées sont acides comme des pommes vertes. Il suffit d’attendre un peu pour que l’acide se transforme en sucre manitol avec le soleil.
La poudre d’hercule qui épice le filet d’agneau, c’est la poudre des graines de la grande berce, Heracleum sphondylum ou Heracleum persicum. En Iran elle s’appelle golpar, la fleur d’or. C’est avec elle que l’on cuisine les plats pour les mariages et pour la fête du solstice d’hiver, la nuit la plus longue : c’est une grande aphrodisiaque.
En Angleterre la reine Victoria a tenté de la faire disparaître …
le premier herbicide a été inventé pour s’en débarrasser. C’est une nourriture abondante et gratuite ; en la faisant disparaître, elle pensait freiner la reproduction des pauvres et stopper la misère… On créa la confusion avec la berce géante du Caucase, Heracleum mantegazianum toxique et car elle rend photo sensible ; nommée en l’honneur du fameux docteur Mantegaziani qui est au plaisir ce que notre Brillat Savarin est au goût, car on lui doit la physiologie du plaisir, vite mis au pilori par notre 19° siècle puritain.
Une herbe qui empêche de se montrer au soleil, qui vient de loin à l’Est, du Caucase ou des Carpates, et qui de surcroit rend lubrique… et voilà la légende de Dracula ; son créateur Bram Stoker s’est sûrement inspiré de la paranoïa ambiante autour de cette pauvre plante, qui n’avait rien demandé.
En 1972, le premier tube de Genesis, Peter Gabriel et Phil Collins chantent « the return of the giant hogweed », la nature et l’amour reprennent leur droit.
La grande berce est l’exacte opposée de la ficoïde, l’une d’une terre trop riche, l’autre d’une terre morte. Elles sont l’alpha et l’omega de la terre, d’un extrême à l’autre, ce qui fait courir nos héros aventuriers.
Voilà donc notre tagine de dates et heure :
des racines de saison, panais, carottes, racines de persil, revenues doucement dans le tagine couvert, avec un oignon, une pincée de sel, un peu de poivre et de cannelle. Lorsque le tout est bien coloré et fondu je rajoute les dates fraiches et je baisse le feu en couvrant. Je laisse mes dates une heure, prendre la chaleur et commencer à fondre.
Je désosse mes côtelettes d’agneau non découpée, pour lever mon filet d’agneau et mon contre filet que je roule dans la poudre de berce. Comme c’est une viande très délicate, je la marque juste au BBQ, en croisant les marques et en la cuisant à peine
Je place le filet dans le tagine avec la ficoïde avant de servir, pour que tout prenne la même température et que la viande cuise davantage en s’imbibant de l’arôme de la berce légèrement fumée.
En levant le couvercle, le vert pomme de la ficoïde est resplendissant d’espoir sur ce fond marron et caramélisé du tagine.
L’agriculture conventionnelle peux-elle produire autre chose que des aliments toxiques? Alors que s’ouvre le 51ème Salon l’Agriculture, France Culture interroge Gérard Ducerf, l’une des 3 voix du “Manifeste Gourmand des Herbes Folles”, 368p ed. Toucan, dans l’émission Terre à Terre : quel est l’impact de l’agriculture sur notre santé, aujourd’hui?
En quelques mot Gérard Ducerf, ancien agriculteur et botaniste, rappelle, simplement et clairement, les bases de la science de la nature et de la vie. Une agriculture non toxique… Le “Manifeste Gourmand des Herbes Folles” est sorti cette année, justement pour tenter de réconcilier l’agriculture avec la nature; notre santé en dépend, comme la productivité et les rendements aussi. Tout commence en respectant le sol : un être complexe, qui recèle une biodiversité d’être et de composant incroyable qu’il est possible de mettre au service de la production de nos aliments.
Or, nous compactons le sol, nous l’aspergeons de produits toxiques, de chaux, nous détruisons sa vie bactérienne, nous destructurons les limons et les argiles… les argiles qui sont des silicates d’alumines, se transforment en ions de silice et d’aluminium Al3+, ultra toxiques… cancérigènes. Mais les produits modernes font que la plante pousse quand même et ce chargent d’aluminium… que nous mangeons.
Les Herbes Folles, en poussant spontanément sont des indicateurs de la qualité des sols. C’est elles qui nous permettent de diagnostiquer l’état des sols et de proposer des solutions durables aux agriculteurs, pour qu’ils diminuent leurs investissements et obtiennent des rendements meilleurs et des aliments sains, grâce à une meilleure intelligence avec la nature; une meilleure connaissance des cycles de vie dont ils dépendent.
Moins d’incertitude, plus de contrôle, plus de sérénité et des cultures de grandes qualités nutritionnelle et de biodiversité.
Ecoutez, cela fait du bien.
Le Figaro compte le “Manifeste Gourmand des Herbes Folles” parmi ses 10 Livres Gourmands de l’année 2013 : se délecter du sauvage à ses pieds, identifier les plantes de notre bien être, réinventer la gastronomie à partir de cette palette infinie et retrouver les petites histoires qui font la gourmandise de notre savoir… Après le “prix saveur” des écrivains de la forêt des livres, le “prix des Gastronomade” des chefs étoilés, ce prix du livre gourmand 2013 du Figaro, nous met en appétit pour 2014. La cueillette sauvage réinvestit la gastronomie pour le meilleur de la planète. Merci.