George Oxley interviewé par Isabelle Adjani pour le magazine Gala.
Spécialiste de la vie des plantes et des sols, ce biochimiste porte un regard éclairé sur notre planète et sur notre alimentation.
George Oxley « Oui, la nature nous parle »
ISABELLE ADJANI : George la nature est pleine d’informations et d’indicateurs dont nous ignorons absolument la signification, vous consacrez votre vie à décrypter son langage. Quels sont les grands principes à connaître pour la comprendre ?
GEORGE OXLEY: Avant tout il faut savoir que la Terre est notre amie, notre alliée et que nous devons la respecter. Il y a des milliards d’années, la nature gérait son cycle de vie. L’homme s’est formé et a évolué avec elle. Puis, il y a dix mille ans, il a inventé l’agriculture, commencé à labourer, détruisant l’ordre naturel du sol, faisant remonter à la surface les bactéries qui doivent rester dans le sol et enterrant celles qui doivent rester à l’air. Elles meurent, les échanges ne se font plus. Les bactéries néfastes résistent et entrent directement en contact avec l’homme. Cela détruit les réseaux de mycorhizes par lesquels passent toutes les informations entre les plantes, leurs nutriments, l’eau et qui jouent un rôle de bioprotection du sol en renforçant leurs défenses naturelles. Bref, il a complètement bouleversé le système.
I. A.: A propos de l’alimentation, nous vivons une période ultrasensible. Plus personne n’ignore que bon nombre de nos problèmes de santé sont liés à ce que nous consommons.
G. O.: Bien sûr, l’homme ne s’est pas contenté de changer l’ordre naturel des choses, il a inventé des solutions pour maîtriser et booster la production, au mépris de leur évolution et de leur saisonnalité. Nous oublions que notre estomac fonctionne grâce aux mêmes bactéries que Å“nes du sol. Lorsque l’on mange des aliments issus de terres bouleversées, cela se répercute directement sur notre digestion, nos comportements, déclenche des allergies, des intolérances alimentaires, etc. La culture hors-sol, par exemple, peut être une bonne chose, si le lien avec le sol est respecté et si l’on n’utilise pas de substrats nocifs tels que la laine de roche à hase d’aluminium.
I. A.: Parlons de la tomate, c’est un fruit à bien choisir, non ?
G. O. : Oui. la tomate est un bon exemple. Ses graines accumulent tous les produits toxiques contenus dans la matière qui la nourrit, particulièrement les métaux lourds. Il faut donc les retirer avant de la consommer. A part si elle a été élevée naturellement, bien sûr.
I. A.: Donc, on est d’accord, le bio avant tout?
G. O. : Oui ! Un produit bio nous épargne la consommation de pesticides, conservateurs et autres substances non recommandables utilisés dans l’agriculture intensive. La culture bio ne tolère pas les substrats tels que la laine de roche par exemple.
I.A.: Est-ce que vous pouvez dire aux gens comment se protéger ?
G. O.: En fait c’est tout simple. Apprenons à observer la nature, à l’écouter, à tenir compte de ses avertissements: tempêtes, canicule, pour ne citer que les plus évidents. Informons-nous sur la production des produits ct acceptons de changer nos habitudes si nous savons qu’elles sont néfastes pour l’environnement. Soyons responsables et retrouvons la beauté des champs fleuris, celle des pâturages qui ne sont pas des usines. Alors nous irons beaucoup mieux, dans notre corps et dans notre tête.
PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE ADJANI A Lire: La Fleur au fusil, de George Oxley, éd. Gallimard Altematives. Manifeste gourmand des herbes folles, avec Diana Ubarrechena, éd. du Toucan. Saveurs Sauvages de Ré éditions Vlad Tepéç.