Excellent article @theconversation https://theconversation.com/cyborg-soil-reveals-the-secret-microbial-metropolis-beneath-our-feet-164748
Aspecially when you consider that our biome is made of these and that we are walking bits of soil #lafleuraufusil
Good news, it seems this week, Science wants to get back on the tracks ; simple plants and fungi could cure the pandemic, all supported by top scientific articles from the best journals.
It all starts with Kew Garden in the New Phytologist reminding that Hydroxychlorochine got its inspiration from the tree Cinchona pubescens used in the West to cure malaria since Louis the XIVth.
Then the Lancet with Echinacea purpurea, the journal Nature Redeploying Plant Defences.… quoting among others the famous Artemisia annua to replace Hydroxychloroquine….
Then come Fungi, which seems to become the new hype communication trend at Kew, reminding that the first antibiotic was Fleming’s penicillin and the many more later were also inspired by fungi.
Now they remind us, some 9 months after the start of the pandemic, that fungi could also be antiviral ! Fomes fomentarius , which they quote as Fomes officinalis, could be the absolute antiviral, among many others less efficient ones (turkey tail, shiitake, reishi…)
It is amazing how essential news can pass unnoticed when no pressure pushes you. When SARS and Mers were only ordinary influenza., Paul Stamets the brilliant mycologists currently researching on pandemic cures since 9.11, published in September 2012 this paper on Agarikon and our old growth forest as vital for National Defence.
These fungi only grow on trees which are more than 50 years old. This is the reason why they were common before the XXth century. The druids ceremonial hats and protective underwear wer often made of their felt.
In November, just before the pandemic, I have been interviewed by #ClaraLefort @Billionaire on how to cure influenza and to remind all the different efficient delicacies the fantastic fungi world can offer us . By the way my 88 year mother insisted to go out shopping during all the lock down. She is taking our #LoxLife #ImmuneShield supplements while eating shiitake and portobello mushroom everyday.
What else?
Sauver les platanes du chancre colore, une tache impossible?
Depuis 10 ans SOSSOiL soigne les platanes avec succees grace à la myco-remediation. (cliquez pour la video realisee en 2008!) Le soin par les champignons du sol. Les derniers en date sont les 90 platanes bicentenaires de Chalamon, plantes sous le Consulat, a Saint Remy de Provence, et les 100 non moins venerables d’Altaves a Saint Etiennes du Gres.
Le Platane est le symbole de la ruse et de l’intelligence, c’est avec son bois qu’Ulysse construit le Cheval de Troie… C’est aussi l’arbre d’Hippocrate de Cos, sous lequel le grand medecin formait ses disciples et sous lequel on peut imaginer scandes les premiers serments pour soigner … Le platane represente les chemins de la LIBERTE en quelque sorte .
Aujourd’hui rien ne semble etancher la rage ambiante pour les abattre : 30 a Gien en Octobre 17, 30 a Montrouge en Aout 2018, a Lunel, Avignon, Perpignan, 34 platanes a Aix en Janvier 2019, a Toulouse … Tous les platanes classes du Canal du midi…
On savait deja le platane menacant les voitures, declares ennemi public par les ministres francais. mais la leur situation semble desesperee.
Quoi de plus approprie que des champignons pour tuer le champignon du chancre colore? Une strategie en 3 temps :
1 – Des levures et des mycorhizes pour attaquer le chancre colore Ceratocystis platani un Ascomycete, la famille des truffes,
2 – Puis nous installons des mycorhyzes symbiontes des platanes associees à l’ail pour doper l’arbre de maniere systemique et diffuser l’anhydirde sulfure de l’ail dans sa seve
3 – Enfin nous occupons le terrain alentour et organisons les platanes en reseau, en installant des liaisons mycorhizales alentour avec toutes sortes de plantes de la garrigue, qui ont des proprietes antifongiques… sarriette, thym, romarin, vergerette du Canada…
Dix ans plus tard, le client chez qui j’ai developpe ce protocole devenu un classique des livres universitaires de la remediation, me demandait s’il fallait repeter l’operation ? A quoi bon lui repondis-je, en pietre commercant… une fois la dynamique installee elle est la pour durer. Du moment que l’on ne violente pas l’arbre et ne le blesse avec les fils de debroussailleuses ou d’autres engins agricoles…
En quelque sorte nous avons appris de l’arbre pour le soigner, en developpant une veritable strategie du Cheval de Troie qui repose sur la biodiversite des micro champignons du sol vivant.
Biologiste passionné par la vie des sols, George Oxley milite pour une meilleure connaissance des plantes sauvages. Et si notre avenir résidait aussi dans les fleurs ?
Quel rapport entre le siège de Sarajevo, de 1992 à 1995, et les fleurs sauvages? La question peut paraître étrange. Pourtant la population bosniaque confinée dans ses murs Durant près de quatre ans a pu survivre en partie grâce à quelque 91 plantes sauvages. Sources de vitamines, «elles ont complété les tristes rations de l’aide internationale», écrit George Oxley dans, la fleur au fusil passionnant essai consacré aux potentialités que recèlent les plantes sauvages en matière.de nutrition, de santé et de climat.
De leurs saveurs, ce sciertifique gastronome s’était déjà fait l’ardent défenseur dans un Manifeste Gourmand des plantes sauvages qui décrocha en 2013 le prix du Livre gastronome. Le propos cette fois-ci est plus grave puisqu’il ne s’agit rien de moins d’inscrire les plantes dans une réflexion engageant l’avenir de l’humanité et la lutte contre les dérèglements climatiques. Biologiste indépendant et spécialiste de la vie des sols, acteur engagé de la biodiversité appliquée à l’agriculture, notamment dans le bassin du Congo où il explore des possibilités de nutrition alternatives qui fassent l’économie du «tout chimique», George Oxley signe un ouvrage de vulgarisation scientifique. Le profane y saisira combien les fleurs et les plantes sauvages sont des indicateurs de la qualité des sols. Ainsi, à Sarajevo, dans la terre fraîchement battue par les obus, le tussilage était la première fleur à apparaître. Et compte tenu du nombre d’obus qui tombaient sur la ville, elle poussait abondamment, offrant aux habitants ses ressources en vitamines C et sels minéraux. Parmi les sucres assimilables du tussilage, le rhamnose. «Le plus rare des neuf sucres de base de la création. Il permet aux cellules d’absorber illico toutes sortes de nutriments», écrit George Oxley.
Parmi les 7 000 plantes européennes, 5 000 sont comestibles dont beaucoup apportent à l’homme des éléments nutritifs essentiels. Un réservoir fantastique longtemps délaissé dans une société occidentale qui privilégie une agriculture dopée à la chimie et peu soucieuse du respect des sols – à leur appauvrissement, la réponse est toujours plus d’azote, de phosphore et de potasse. Dénonçant l’ancestrale pratique du labour, qui fait basculer sous terre les micro-organismes ayant un besoin vital d’oxygène et remonter en surface d’autres qui craignent l’air, appauvrissant d’autant les sols, Oxley trace les contours d’une agriculture alternative passant par le respect de la terre : « 90 % du vivant de notre planète est contenu dans ce sol. Tout ce qui se développe et se balade en surface est conçu pour le nourrir. [ … ] Pour la fertilité, chaque maillon de la chaîne alimentaire compte ». A la monoculture intensive, de nombreuses sociétés ont oppose l’harmonie dans la diversité, à l’instar des Incas qui faisaient pousser le maïs en l’associant au haricot, au potiron et à la poire de terre (un cousin du topinambour) où du riz japonais semé avec du trèfle dans un champ où est également cultivé de l’orge. « Les herbes folles nous nourrissent et participent à la vie du sol. Elles sont au centre de toute cette complexité du vivant qui fixe le carbone et les gaz à effets de serre», rappelle George Oxley. Une prise de conscience se dessine. Du rôle des plantes sauvages, la COP 21 s’en est même fait l’écho. Pour le biologiste il ne reste désormais plus qu’à agir.
Article de Serge Hartmann, Les Dernières Nouvelles d’Alsace DNA le 9 Mai 2017
La fleur au fusil, de George Oxley, aux editions Alternatives Gallimard, collection Manifestô, 141 pages 17€
Rencontre avec George Oxley Mardi 9 Mai à 17h30 librairie Kléber à Strasbourg
Pourquoi j’ai mis la fleur au fusil ? Journal NATURE & PROGRES Avril 2017
Les fleurs s’ouvrent, pleines de promesses de bonheur. Elles nous informent aussi sur notre terre, son état, sa dynamique et son évolution. De simples indics ? Derrière ce dialogue, se cache le travail qu’elles effectuent sur le sol pour toujours plus de fertilité, de vie. Symbiose est bien trop pauvre, c’est une Symphonie !
Ces fleurs sont la musique de ces synergies avec les mycorhizes et microbes, ce biome du sol qui nous nourrit. « Quelle belle assiette » disait Curnonski, Prince des gastronomes, admirant le paysage du Bugey… Cette symbiose, c’est le socle de notre terroir, du Goût. Je dirai plus : cette symphonie nous met sur les pistes de notre bien-être, de notre santé. Chercher à comprendre ce dialogue symphonique avec les fleurs est la quête de l’essence même de notre plaisir. C’est aussi ce qui permet à notre équipe de repenser la nourriture des animaux, pour soigner les chevaux de course de Chantilly, les canards du Sud Ouest, les poissons ou les abeilles, des conditions d’élevage que l’homme leur impose. Le point déclencheur de cette réussite est d’associer cette biodiversité aux plantes, dans la nourriture.
Le 4 août 2015, treize universités, 22 chercheurs de sept pays différents démontrent[1] ensemble que l’ancêtre de toutes les plantes est une algue qui a conquis la planète en choisissant de s’allier et de partager son ADN, avec un champignon. Ce pas décisif de l’évolution, se fait dans l’océan, avant même de coloniser la terre ferme : cette nécessité symbiotique est déjà inscrite dans le génome de l’ancêtre de toutes les plantes. Les échantillons étudiés situent l’événement il y a environ 550 millions d’années. Désormais la définition d’une plante est un végétal associé à un champignon. Toute autre chose est une chimère.
En réalité, c’est comme si le végétal avait embauché un cuisinier : le champignon est capable de grignoter la roche comme le phosphore, décomposer les nitrites toxiques en nitrates ou rendre les métaux « comestibles ». Le mycorhize de ce champignon croît de 2 à 3cm par jour, alors qu’une racine dépasse rarement le millimètre. Il court, sans se tromper, à l’affut de nourriture et d’eau. S’il croise une nématode, il l’attrape au lasso pour l’azote de la plante. Si un sanglier écorche un arbousier, la mycorhize de l’arbuste se branchera avec celle d’une sarriette des montagnes, pour échanger cicatrisant et désinfectant… Tout cela est le commerce des microbes du sol. Nourrir la plante c’est avant tout nourrir son sol. Labourer ou asperger de la chimie du pétrole, tout cela fonctionne un temps et disparaîtra vite étouffé. Le pétrole et sa chimie fossile se colle et bloque la communication des cellules.
200 millions d’années après sa naissance, la plante invente la graine. Elle peut désormais choisir le bon moment, lieu et climat pour germer, ou bien rester en dormance et attendre. L’ADN de la graine est programmé pour répondre à des conditions particulières de l’environnement et du sol. Maintenant que l’on sait cela, un parterre de fleurs sauvages devient un langage précis sur les qualités du sol, les conditions environnementales, climatiques et leur dynamique. Eradiquer les plantes sauvages revient à casser le thermomètre.
La terre nous parle tout plein de fleurs à la bouche. Elles nous parlent du sol, le tube digestif de la terre. Tout ce qui tombe dessus est voué à y être digéré pour nourrir la vie. Nous nourrir. 90% des êtres sur terre vivent dans ces 10 à 20 cm de sol. Le ver de terre en est le super-prédateur, en haut de la pyramide. Il n’est rien sans tout le reste : en surface, ceux qui vivent avec l’air, au fond ceux qui vivent sans ; entre les deux, les microorganismes intermédiaires. Si l’on met à l’air ceux du fond, ils crèvent au soleil et si l’on enfouit ceux de la surface, ils étouffent ; restent les intermédiaires, virus, Escherichia coli et autre Staphylocoque doré, causes de nos maladies nosocomiales. Les discussions avec mon maître Théodore Monod, buttaient souvent sur la question fondamentale et insoluble, du « Mal » chez l’homme. Dans la nature c’est peut être plus simple : ce serait quelque chose qui n’est pas à sa place. Notre système digestif est composé à l’image de notre sol : dans la bouche et l’estomac les êtres qui vivent avec l’air, dans le colon les anaérobiques. Nous savons désormais que notre biome compte 10 fois plus de bactéries, 100 fois plus de virus et 10 fois plus de champignons que de cellules humaines. Chacun a sa place et il ne viendrait à personne l’idée de labourer, ou d’intervertir l’œsophage par le colon. Le fœtus animal est quasiment vierge de bactérie. Il est ensemencé à sa naissance par l’utérus, puis il se forme avec la nourriture que produit son sol : nous sommes des bouts de sol à pattes.
Dans ce dialogue avec la terre, les fleurs nous parlent du biome du sol : de son activité, qui est à la manœuvre, pourquoi… Elles nous révèlent les préoccupations du lieu et du moment, les dangers et les espoirs ; un petit monde hyper actif. L’objectif est l’évolution, la fertilité. Le sol est compacté par un troupeau qui a stationné un moment. Aussitôt les bêtes parties, voici un groupe de chardons qui lève. Ils nous disent : terre battue, phosphore bloqué, manque d’air, humide, trop de nitrites. Champignons et bactéries mangent les cailloux. Le chardon va les utiliser pour débloquer le phosphore. Les mycorhizes, Glomus ssp., Intraradices ssp. et bien d’autres, vont utiliser les espaces dégagés par sa racine qui perce et fendille la semelle compactée du sol pour permettre aux bactéries aérobies de reprendre leur place. Ils feront vite lever les graines de Rumex et de plantain à la rescousse. Il faut plus d’air dans le sol. Parmi les bactéries qui vivent avec chardons et Rumex, les Thiotrix ssp. vont rééquilibrer les aluminiums de l’argile, empêcher qu’il devienne Al(III), grand perturbateurs des liaisons électriques du sol, comme des liaisons neuronales… l’argile est un silicate d’aluminium avec 70 kg de métal par mètre cube, qui peuvent se transformer tout d’un coup en violent perturbateur de la vie. Ainsi j’ai compris que dans le sol, dans chaque équation des équilibres chimiques, le « égal » représentait en réalité une bactérie, un être vivant responsable d’un échelon de la chaine du vivant, dont l’expression est une fleur. Ici pour le fluor, le soufre et l’aluminium, il y a Thiotrix ssp. Tant que le problème persistera, le chardon sera présent et repoussera. Une fois le problème résolu, il fait ses graines et attend. On accuse les friches de propager les chardons… pourtant un chardon ne peut pas pousser, si ses conditions ne sont pas présentes. Mais surtout en poussant, une fleur sauvage remédie, se nourrit de ce qui la fait pousser.
Pour l’etnobotaniste Gérard Ducerf le sol est la peau de la terre. J’ajoute la peau et le tube digestif. Les recherches que nous menons ensemble sur le terrain, nous permettent, en étudiant le biotope et la levée de dormance des plantes, de comprendre leur impact sur le biome du sol et donc d’appréhender leur potentiel pour la santé des animaux. Sur les 350 espèces relevées dans les pâturages alpins en 1980, la biodiversité record aujourd’hui dépasse rarement les 60 espèces et plus souvent 20 à 14 espèces. Au printemps la biodiversité c’est aussi la couleur. Avant le champ était multicolore ; toujours plus de bétail et il passe au blanc, puis au jaune et enfin tout vert… la diversité des couleurs nous parlent aussi de la santé des bêtes, de leur lait. La beauté d’une prairie nous parle de la santé de ceux qui mangent ce fromage.
En botanique, l’estomac est le meilleur des professeurs. Sur nos 8000 plantes européennes, plus de 4000 sont comestibles et 1000 absolument délicieuses. Théodore Monod me disait toujours « mets sur 24 heures les 2,4millions d’années d’évolution de l’homme : matin, midi et soir, nous mangeons des plantes sauvages et tout d’un coup, à minuit moins 4, on se met à cultiver en oubliant tout le reste». A l’époque nous étions à Lucy ; depuis la découverte de Toumaï, notre genre a 8 millions d’années et le temps de l’agriculture, moins de 1mn. Homo a évolué se nourrissant de plantes sauvages. Ces fleurs nous ont aussi soigné. Il semblerait que l’on cherche à nous le faire oublier, pourtant elles sont le centre d’intérêt de la science moderne. On savait les actifs du chardon efficaces sur le foie, les maladies de dégénérescence nerveuse, au Japon un médicament à partir du chardon marie, Silybum marianum a obtenu l’AMM pour soigner le pancréas. Ils ont du enrober les pilules d’amidon, pour protéger les actifs d’être détruits par l’estomac. Tous les chardons sont comestibles excepté un, qui sert de glue au moyen orient, mais ils sont couverts de piquants… pour les manger la solution est de les cuisiner, en faire un bouillon sans bouillir pour un risotto ou une pâte. Le chardon permet aussi d’utiliser moins de viande, car c’est un exhausteur de l’umami, le goût des protéines.
Me parlant de ses souvenirs de Sarajevo, une amie réalise qu’ils ont tenu cinq ans de siège en mangeant 90 plantes sauvages. Derrière les obus, les herbes folles qui lèvent leur dormance pour réparer la terre meurtrie, s’occupent aussi de la santé des hommes en Bosnie comme en Syrie.
Comment puis-parler d’une fleur, la muse des poètes, comme d’un simple outil ? C’est sûr, elle nous nourrit, soigne, redonne l’envie de vivre en des temps troubles. Cette fleur je l’ai mise au fusil, littéralement car elle est notre lien avec les êtres du sol, la biodiversité, une arme d’une importance vitale car notre alimentation en dépend, notre santé également.
George Oxley est biologiste indépendant,
auteur de « La Fleur Au Fusil » Alternatives Gallimard.
[1] P.-M. Delaux, « Algal Ancestor of Land Plants Was Preadapted for Symbiosis », Max Planck Institute for Chemical Ecology (11 sept. 2015) / doi: 10.1073/pnas.1515426112
Au “Positive Economy Forum” de Jacques Attali George Oxley alerte, évènement dont Sciences et Avenir est partenaire, nous publions ce texte du biologiste George Oxley où il explique que “le champignon est l’acteur incontournable de notre survie”.
Sciences et Avenir est partenaire média de la 5e édition du “Positive Economy Forum”, que préside Jacques Attali. A l’occasion de cet événement, nous vous proposons de découvrir les actrices et acteurs de différentes initiatives pour le respect et la protection de l’environnement. Tous interviendront au Havre, entre le 13 et le 17 septembre 2016. “Depuis 5 ans, le Positive Economy Forum rassemble de plus en plus d’acteurs agissant pour que les générations futures vivent dans un monde meilleur, explique Jacques Attali. Après la COP 21 et dans un monde plein de craintes et de désespérances, cette 5e édition du Forum, toujours au Havre, du 13 au 17 septembre, va transformer les débats en action. C’est ce que nous ferons pendant ces 5 jours et nous en tirerons un programme d’actions concrètes que nous proposerons aux principaux responsables mondiaux et nationaux aux lendemains du Forum”. La première tribune que nous reproduisons sur le site de Sciences et Avenir est celle du biologiste spécialiste de la vie des sols, George Oxley. Ce spécialiste du micro-monde a étudié la végétation sauvage, notamment au Pérou ou au Congo, et l’usage que l’on peut en faire pour améliorer le climat et la santé. George Oxley étudie les techniques naturelles de dépollution des sols. Il s’est aussi engagé dans la lutte contre les maladies orphelines. Egalement auteur, George Oxley a écrit “Manifeste Gourmand des Herbes Folles” (2013, Toucan) ou encore “La Fleur Au Fusil” (2015, Gallimard). Voici son texte :
Le sol est le tube digestif de la terre. Tout ce qui tombe dessus y est digéré pour nourrir la vie. Nous nourrir. 90% des êtres sur terre y vivent. Le ver de terre est en haut de cette pyramide, un superprédateur, sans le reste il n’est rien.
Le bio, cela semble excellent. Pas d’engrais de synthèse, ces sels qui perturbent cette vie, aucun pesticide qui englue de matières fossiles visqueuses la chaîne alimentaire au plus profond. Mais le bio sans bonne pratique agricole, sans connaissance du vivant, est tout aussi toxique. En surface, il y a des êtres qui vivent avec l’air, au fond sans air, puis les intermédiaires qui peuvent s’en passer. Vous labourez : ceux du dessus meurent étouffés, ceux du fond crèvent au soleil. Restent les intermédiaires, Escherichia coli, Bacille doré, Clostridia, les maladies nosocomiales des hôpitaux… et énormément de protéines se décomposent en méthane et protoxyde d’azote, gaz 20 et 300 fois plus à effet de serre que le CO2, qui s’accumule 20 à 120 fois plus…
Notre système digestif s’inspire du sol. Le petit d’homme quasiment vierge de bactérie est ensemencé par l’utérus, puis par la nourriture de son sol : nous sommes des bouts de sol à pattes avec 10 fois plus de bactéries, 100 fois plus de virus et 10 fois plus de champignons que de cellules humaines.
1ère idée : Le labour nous met en contact direct avec les bactéries pathogènes
Une bactérie est mauvaise quand elle n’est pas à sa place : en haut, de la bouche à l’estomac, il y a les bactéries de l’air, puis les intermédiaires, enfin les bactéries anaérobiques dans le gros colon. Mettre tout cela sans dessus dessous, labourer ? Lorsque les bactéries qui vivent avec l’air sont détruites, les bactéries intermédiaires pathogènes les remplacent, dans notre nourriture, comme dans notre corps.
2e idée : La nourriture issue d’un sol violenté produit la violence de nos enfants
Une étape de digestion saute et les aliments se digèrent plus difficilement par la suivante, des aliments plus gros passent les parois intestinales : de la douleur, du stress pour l’adulte, de la violence pour l’enfant. Avec le système immunitaire affecté par les bactéries intermédiaires pathogènes, arrive la fatigue, les allergies chroniques, par des défenses en éveil au moindre événement, voire des infections récurrentes.
3° idée : la nourriture d’un sol mort provoque la dégénérescence nerveuse :
L’eau ne rentre pas dans le sol de manière mécanique : les bactéries et les champignons échangent l’eau. S’il n’y en a plus, l’eau chasse l’air, l’argile se compacte comme du béton, il colle. L’argile est un silicate d’aluminium : 1m3 de sol c’est 70kg d’aluminium et de fer. Plus d’oxygène et l’aluminium de Al2+ devient Al3+, le fer devient ferrique, le nitrate, nitrite. Dans la nourriture, les ions de métaux lourds pourraient perturber les échanges électriques neuronaux et devenir sources de maladies neurodégénératives… Ils se déplacent avec les acides gras des plantes et se concentrent dans le gras, la moelle ou le cerveau par exemple.
4° idée : la nourriture industrielle est source de carence en acides aminés essentiels.
Sur nos 22 acides aminés, 9 sont essentiels. Nous ne pouvons les fabriquer. Ce sont les mycorhizes symbiontes des racines des plantes, qui construisent ces briques de la vie essentielles à l’homme. Le labour détruit ces liaisons. Nous compensons nos carences par la viande de l’animal ou du poisson, qui a mangé des plantes sauvages, mais le végétarien ?
5° idée : Les fleurs indiquent les qualités du sol, sa fertilité :
la plante a inventé la graine pour attendre le bon moment pour pousser. Une fois les conditions de levée de dormance d’une graine connue, la fleur nous révèle les qualités précises du sol.
6° idée : la symbiose, la commensalité est la base de la vie – le champignon est son artisan central :
Le 4 août 2015, treize universités, 22 chercheurs de 7 pays, démontrent que l’ancêtre des plantes est une algue qui s’allie à une mycorhize. La définition d’une plante est désormais : un végétal associé à un champignon. Après la plante, les briques essentielles à l’homme… Dieu est-il un champignon ? Voici des raisons pour être vigilant sur la biodiversité et la vie des sols dont les champignons sont les acteurs incontournables de notre survie : Vive le spore !
George Oxley interviewé par Isabelle Adjani pour le magazine Gala.
Spécialiste de la vie des plantes et des sols, ce biochimiste porte un regard éclairé sur notre planète et sur notre alimentation.
George Oxley « Oui, la nature nous parle »
ISABELLE ADJANI : George la nature est pleine d’informations et d’indicateurs dont nous ignorons absolument la signification, vous consacrez votre vie à décrypter son langage. Quels sont les grands principes à connaître pour la comprendre ?
GEORGE OXLEY: Avant tout il faut savoir que la Terre est notre amie, notre alliée et que nous devons la respecter. Il y a des milliards d’années, la nature gérait son cycle de vie. L’homme s’est formé et a évolué avec elle. Puis, il y a dix mille ans, il a inventé l’agriculture, commencé à labourer, détruisant l’ordre naturel du sol, faisant remonter à la surface les bactéries qui doivent rester dans le sol et enterrant celles qui doivent rester à l’air. Elles meurent, les échanges ne se font plus. Les bactéries néfastes résistent et entrent directement en contact avec l’homme. Cela détruit les réseaux de mycorhizes par lesquels passent toutes les informations entre les plantes, leurs nutriments, l’eau et qui jouent un rôle de bioprotection du sol en renforçant leurs défenses naturelles. Bref, il a complètement bouleversé le système.
I. A.: A propos de l’alimentation, nous vivons une période ultrasensible. Plus personne n’ignore que bon nombre de nos problèmes de santé sont liés à ce que nous consommons.
G. O.: Bien sûr, l’homme ne s’est pas contenté de changer l’ordre naturel des choses, il a inventé des solutions pour maîtriser et booster la production, au mépris de leur évolution et de leur saisonnalité. Nous oublions que notre estomac fonctionne grâce aux mêmes bactéries que Å“nes du sol. Lorsque l’on mange des aliments issus de terres bouleversées, cela se répercute directement sur notre digestion, nos comportements, déclenche des allergies, des intolérances alimentaires, etc. La culture hors-sol, par exemple, peut être une bonne chose, si le lien avec le sol est respecté et si l’on n’utilise pas de substrats nocifs tels que la laine de roche à hase d’aluminium.
I. A.: Parlons de la tomate, c’est un fruit à bien choisir, non ?
G. O. : Oui. la tomate est un bon exemple. Ses graines accumulent tous les produits toxiques contenus dans la matière qui la nourrit, particulièrement les métaux lourds. Il faut donc les retirer avant de la consommer. A part si elle a été élevée naturellement, bien sûr.
I. A.: Donc, on est d’accord, le bio avant tout?
G. O. : Oui ! Un produit bio nous épargne la consommation de pesticides, conservateurs et autres substances non recommandables utilisés dans l’agriculture intensive. La culture bio ne tolère pas les substrats tels que la laine de roche par exemple.
I.A.: Est-ce que vous pouvez dire aux gens comment se protéger ?
G. O.: En fait c’est tout simple. Apprenons à observer la nature, à l’écouter, à tenir compte de ses avertissements: tempêtes, canicule, pour ne citer que les plus évidents. Informons-nous sur la production des produits ct acceptons de changer nos habitudes si nous savons qu’elles sont néfastes pour l’environnement. Soyons responsables et retrouvons la beauté des champs fleuris, celle des pâturages qui ne sont pas des usines. Alors nous irons beaucoup mieux, dans notre corps et dans notre tête.
PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE ADJANI A Lire: La Fleur au fusil, de George Oxley, éd. Gallimard Altematives. Manifeste gourmand des herbes folles, avec Diana Ubarrechena, éd. du Toucan. Saveurs Sauvages de Ré éditions Vlad Tepéç.
Comment sauver les abeilles des néonicotinoides ? En protégeant les vieux arbres car ce sont les seuls à recéler des champignons capables de soutenir leurs défenses immunitaires pour pouvoir résister aux produits chimiques, aux pesticides et à la disparition de leur nourriture dont nous sommes la cause principale.
Protégeons ces vieux arbres, car de leur présence dépend celle des abeilles.
TED x “Vive le spore”
Quelques alertes pour une bonne nourriture, saine. Le rôle essentiel des plantes sauvages et des champignons pour une agriculture respectueuse de l’homme et de son environnement.
A l’occasion de la sortie du livre Saveurs Sauvages de Ré : Silence ça pousse filme George Oxley pour l’émission des passionnés de nature sur France 5. Voici les images du réalisateur Christophe Bourges :
Les marais salants et les terres salées en général, sont considérées comme les plus pauvres, rien de nourrissant semble y pousser… C’est tout le contraire.
Parmi les plantes qui aiment ces lieux, il y a des Amaranthaceae qui ont autant de protéines que la viande de boeuf et 2 fois plus de calcium que le meilleur des laits, qui n’existe plus…
Les meilleures moutardes du monde, qui ne sont plus récoltées aujourd’hui car leurs graines sont plus petites que les moutardes chinoises qui les ont remplacées même en France, car plus faciles à récolter, mais beaucoup moins puissantes en goût…
Le maceron, Smyrnium olusatrum, la carotte de Smyrne introduite par Charlemagne pour assurer la sécurité alimentaire de l’Empire, qui est aujourd’hui arrachée comme mauvaise herbe…
Les plantains salés, tels le plantain corne de cerf : ils ont un goût délicieux de champignon de Paris et son bien plus charnus, plus crassulants que les plantains communs. Ils sont surtout très pratiques car ils font passer instantanément les piqures de moustiques, ce n’est pas ce qui manque dans les salins. On enduit la piqure d’une feuille machouillée et la démangeaison est terminée.
Ces plantes ont développé toutes sortes de stratégies pour vivre dans le sel, des symbioses avec des bactéries et champignons spéciaux, mais aussi des hormones qui régulent le taux de sel dans leur sève. Il se trouve que ces hormones sont tout à fait reconnues par notre corps et ce même principe marche sur l’homme également.
Ainsi l’on pourrait tout à fait utiliser ces plantes pour saler notre nourriture, ce qui nous permettrait de réguler le taux de sel dans notre sang.
La criste marine, Crithmum maritimum, nourrissante et gouteuse, pleine de vitamine et de sucres rares désormais utilisés par les géants cosmétiques comme antiride.
Bref si l’estomac vous dit… allez-y la comestibilité fait partie de la stratégie de la plante pour se reproduire, donc n’hésitez pas, mais laissez toujours un peu de plantes pour les animaux, ne les arrachez pas, laissez les racines en place et régalez vous, c’est fait pour cela, même si on a tendance à l’oublier depuis l’invention de l’agriculture qui a créé la famine.