Théodore, on a retrouvé ton chasseur cueilleur, l’homme d’Asselar dans un tiroir de la salle de l’Institut d’anthropologie humaine à Paris, dans une vitrine sous le nez de tous ! 1 rue Panhard dans le 13° arrondissement à Paris.
Grâce à Amélie Vialet qui vient de publier sa découverte au journal de L’anthropologie chez Elsevier.
L’homme d’Asselar avait été trouvé par le jeune Théodore à 25 ans, le 20 Décembre 1927, dans le cadre de la mission Draper-Augérias en plein désert Malien.
Il s’agit d’un homme du début le l’Holocène, il y a 10 000 ans, tout juste au moment où l’agriculture va être créée, au commencement du réchauffement climatique qui a transformé les marais du Nord de l’Afrique en désert saharien, donc entre 11 000 et 7500 avant notre ère. L’homme d’Asselar est pris dans un limon d’écailles de poisson, de crocodile, de restes d’éléphant, de plantes aquatiques… tout ce que Théodore notre jeune professeur d’Ichtyologie, spécialiste des poissons, pouvait trouver en plein milieu du désert malien.
Au moment de cet entretient que j’ai filmé, Théodore venait tout juste de donner sa bibliothèque au Museum. Nous avions calculé ironiquement qu’il faudrait près de 100 ans pour pouvoir ne serait ce que la répertorier… mais nous avions aussi rigolé sur le sort de toutes les trouvailles qu’il avait récoltées ça et là , au cours de sa vie, qui restaient disséminées dans un tas d’Instituts, sans avoir été vraiment étudiées par les gens pour qui Théodore les avaient destinées.
Et c’est tant mieux! Car les études de l’époque, qui voulaient rapprocher cet Homo sapiens à une race particulière, au premier négroïde pour cheikh Anta Diop, ou au chainon manquant avec les Hottentots, les Buchmen et les hommes de la Grotte de Grimaldi de Menton… A l’époque ils voulaient le classer comme une race alors qu’il était tout simplement un homo sapiens comme nous tous… Certain avaient conclu que le chasseur cueilleur n’avait aucun rite, aucune culture, car l’homme d’Asselar n’avait aucun signe de rite, de religion, ni de culture autour de lui… Le pauvre il était tombé dans un trou, avec une sépulture hâtive…
Heureusement Amélie Vialet remet un peu d’ordre dans tout cela. La découverte attendait sa découvreuse. Maintenant il faut aller sur le terrain pour comprendre davantage sur ce moment essentiel où l’homme ne mangeait encore que des herbes folles et quelques poissons; un homme encore libre, bien avant l’invention de l’agriculture et tous les malheurs qu’elle a provoquée pour reprendre les termes du Professeur Jared Diamond : guerres, politiques, famines, asservissement…
C’est pourquoi notre “Manifeste Gourmand des Herbes Folles” tente de nous réconcilier avec la nature : avec cette pensée de ce moment reculé de l’homme d’Asselar, ce chasseur cueilleur qui s’est aujourd’hui réfugié dans les villes. En tant qu’Homo Sapiens, pourquoi ne penserait-il pas ? (écoutez France culture): notre agriculture et notre nutrition future dépendent de cette meilleure intelligence avec le sauvage. Ecoutons Théodore, écoutons son chasseur cueilleur qui réapparait.